Chaque année, à la troisième semaine de janvier, une compétition d'aviron de 25 kilomètres s'effectue sur la Seine du Coudray-Montceaux (91) à Boissises (77) aller et retour. Cette distance réalisée à la rame en équipe de quatre rameurs avec barreur associe l'intérêt des épreuves de longue durée au plaisir du partage de l'effort avec ses équipiers. Ouvert aux catégories de l'aviron corporatif et aux autres, deux cents compétiteurs se disputent le "Grand Prix d'Aviron"  appelée aussi par les anciens de l'épreuve "la régate des culs gelés" ; c'est dire combien elle laisse des souvenirs...

Il n'est pas encore 8 heure et il fait encore nuit, une quinzaine de remorques d'aviron chargées de bateaux de plus de 13 m se dirigent, en suivant le fléchage, vers le club d'aviron place de la gare du Coudray-Montceaux. Alors que les dirigeants de clubs et les arbitres se réunissent dans une tente chapiteau fournie par la Mairie, les rameurs hommes ou femmes peaufinent leur bateaux avant la mise à l'eau. Une autre tente chapiteau chauffée par des convecteurs au gaz leur servira de vestiaire. Certains font un footing d'échauffement et des étirements. En moins d'une heure la compétition sera lancée et la trentaine de bénévoles à leur poste : accueil des participants, gestion du parking, animation de la buvette et de la cuisine, propreté des locaux et sanitaires, chronométrage, sécurité sur le plan d'eau, gestion des deux pontons pour la mise à l'eau des bateaux, informatique, liaison avec les secours.

Le plan d'eau est magnifique avec ses 14 kilomètres de barrage à barrage. Il a la forme d'un grand "Z" dont chaque ligne droite fait plus de 3 kilomètres. Il traverse les forêts de Rougeaux et de Sainte Assise et longe de très belles villas et quelques péniches d'habitation amarrées à l'année. On y croise de nombreux d'oiseaux : canards, poules d'eau, hérons, cormorans, cygnes... A 10 kilomètres du point de départ il y a le seul pont routier du plan d'eau. Là, un chronomètre éliminatoire y est pris. Il faut en effet le passer en moins d'une heure vingt : compte tenu du courant que la Seine peut avoir à cette époque de l'hiver, et comme le début du parcourt se fait à la remontée, ce n'est pas forcément une évidence. Le vent, le froid, le courant annonçant les prochaines crues et parfois la pluie glacée sont les éléments qui soulignent la dureté de l'épreuve. Plus que les rameurs, ce sont les barreurs qui  sont les plus à plaindre. Eux dont le rôle est d'encourager leur équipe tout en choisissant les meilleures trajectoires ne peuvent pas bouger et ont vraiment froid. Ils n'ont pas intérêt à manquer le demi-tour autour d'une bouée  positionnée à quelques centaines de mètres du barrage de Vives-eaux (Boissises). Un virage trop serré et c'est l'immobilisation du bateau sur la berge. Un virage trop ample ou trop anticipé, et le bateau refoulé par le courant ne passe pas la bouée qu'il lui faut nécessairement contourner.

Contrairement aux cyclistes ou aux coureurs à pieds, qui ont au moins une main de libre pour saisir une bouteille et boire de l'eau, le rameur a ses deux mains d'occupées. S'ils doivent s'arrêter pour boire, mieux vaut le faire à la descente pour profiter du sens du courant. Ne pas boire est une erreur de stratégie évidente car elle peut entraîner une importante baisse de rendement de l'équipe.

Pour rejoindre la ligne d'arrivée, les meilleurs n'auront pas mis deux heures ; soit près d'une heure et demi de moins que les derniers. A la remise des récompenses chacun recevra un cadeau symbolique offert par le Conseil Général de l'Essonne, la ville du Coudray-Montceaux, le Théâtre de Corbeil, les magasins, les entreprises et restaurants partenaires de l'épreuve.

Après s'être réchauffé avec le vin chaud offert par le club aux participants, pratiquement tous partagerons le repas chaud servi aux équipages. Les souvenirs, s'y échangent et l'histoire du Grand Prix d'Aviron au Coudray-Montceaux prend forme.

Pascal BEAUSSART


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